Les lauréats des prix 2018
EN SAVOIR PLUS SUR LES OUVRAGES PRIMÉS EN 2018
PRIX DU LIVRE PYRÉNÉEN CONNAISSANCES
Il met en valeur un ouvrage constituant un apport conséquent pour la valorisation ou la connaissance des mondes pyrénéens ou d’un de leurs aspects.
Il a été attribué à
“L’Opéra catalan, la Fada. Aux sources d’une œuvre moderniste”
sous la direction de Françoise Mignon,
éditions du Trabucaire, 2018, 192 p.
Une invite à ne pas se fier aux apparences, une vraie surprise. Un opéra catalan qui traite de fées (La Fada), ça semble désuet si ce n’est ringard, anecdotique et sans rapport avec les Pyrénées. Qui raisonnerait ainsi se tromperait profondément ! Les auteurs de cet ouvrage, partant du livret écrit par Jaume Massó i Torrente, futur président du Centre excursionista de Catalunya (CEC), dévident l’écheveau d’une œuvre totale, impliquée et politique. « Elle reflète alors, écrit Françoise Mignon à juste titre, dans une vision fantasmée le rêve d’unité de la nation catalane », l’affirmation de son inscription le mouvement artistique européen et de son identité : le modernisme catalan. À la lecture des articles qui composent ce livre, nous découvrons combien sont intrinsèquement liés dans cette bourgeoisie, le combat pour la langue et son expression écrite, l’identité culturelle et politique, la pratique de la montagne. Cette montagne de l’autre côté, avec notamment Hyacinto Verdaguer et son poème Canigó, est un espace mythique, l’origine médiévale des seigneuries catalanes. Le cas de Jaume Massó i Torrente, homme de lettres, éditeur, président du CEC, nous fait rentrer au cœur d’une bourgeoisie catalaniste essentiellement barcelonaise, de son rapport à l’espace catalan, de son affirmation pour une esthétique moderniste, de son combat pour l’édification d’une langue unifiée, de ses regards vers les Catalans de l’autre côté, du nord sous domination ou influence française… et de sa pratique excursionniste. S’il y a une pratique de l’ascensionnisme qui a une dimension purement pyrénéenne, c’est plutôt vers le CEC et la valorisation des traditions catalanes qu’il faut la chercher. Le CEC est un acteur important, si ce n’est essentiel, du projet catalaniste.
En remontant ainsi tous les rus qui sont à la source de cette œuvre éphémère (jouée seulement deux fois, en 1897 et 1993), les auteurs nous entraînent dans le cœur de la construction identitaire d’hier à aujourd’hui, nous invitant sans le dire jamais à questionner notre actualité. Nos constructions identitaires, ni plus ni moins fabriquées. Dissertant sur La Fada, « œuvre totale » selon le projet de Richard Wagner, les auteurs nous donnent là un livre d’histoire globale.
PRIX DU LIVRE PYRÉNÉEN LITTÉRATURE
Distingue un ouvrage littéraire (fictions, récit…) ayant pour sujet ou cadre les Pyrénées.
Il a été attribué à
“La montre à gousset”
Chusé Inazio Nabarro (traducteur : Joel Miró Lozano),
Gara d’edizions et La Ramonda, 2017, 130 p.
Voyage, exil, identité, découverte de soi et de sa langue sont au cœur de ce roman didactique et subtil qui nous entraîne très vite hors des Pyrénées. Qui est marqué par les passages du temps, nous conduisant d’un monde plein d’humains (1862) à un monde déjà vide (1912) qui se déchire (1938). Emportés par les flots tumultueux de la Cinca, nous suivrons le protagoniste dans ses navigations lointaines autour du monde, avec lui nous nous émerveillerons à chaque étape exotique, des curiosités, des cultures… Après ce beau voyage, « plein d’aventures et de connaissances » pour reprendre Cavafy, il regarde d’un autre œil son pays, sa langue. S’il reprend, en 1912, sa place de tión (oncle célibataire), c’est dans une maison en grande partie vidée comme le village, le pays. « Je mourais d’envie de frapper à la porte de chez nous avec ce heurtoir phalloïde complètement rouillé désormais, entrer et raconter aux miens mes navigations, et tous mes contretemps. Mais, à mon arrivée, je ne trouvai presque personne à qui les raconter. » Le voyage se poursuit au pays des langues et des mots, l’exotique devenant du proche qu’on regarde autrement, dont on apprend à voir la rareté, la singularité, la valeur culturelle et, ici, plus particulièrement, linguistique. Car ce petit livre, à travers le récit d’un Aragon qui se dépeuple, s’oublie, est forcé d’oublier sa langue sous les coups de bâtons « faits dans trois types de bois : de cornouiller, de noisetier et de viorne », ce livre donc, nous invite à questionner la pluralité des mondes, l’ici et l’ailleurs, dans leurs dissemblances liées. Un livre qui questionne les identités, la langue, les langues… Précieux, délicat, exotique mais aussi ancré dans les terres rudes de l’Aragon et les difficultés de la vie paysanne. Un livre qui dit les passages d’un monde à l’autre, dans le temps et l’espace, qui raconte combien le regard porté par l’étranger est riche de découvertes de soi. « À cette époque (1862) la langue que je parle n’avait pas de nom », en 1912, après la rencontre avec Jean-Joseph Saroïhandy, « j’avais appris quel était le nom exact de la langue que je parle, de cette langue dans laquelle je vous écris à présent, quelques années après » sur le chemin de l’exil, sur le port de Bielsa où meurt un vieil homme, « avec une liasse de feuillets entre ses mains raides. » engendre.
Après la lecture de ce beau petit livre à l’écriture travaillée, -écriture qui nous fait passer souvent de manière indiscernable d’un registre, d’un temps à un autre-, notre perception de la vision de Bernadette, de Bernadette femme finalement soumise, est tout autre.
PRIX DU LIVRE PYRÉNÉEN GUIDE
Récompense un ouvrage permettant de découvrir en pratique les réalités pyrénéennes, dans quelque domaine que ce soit, du topo guide au livre de cuisine en passant par les atlas, les inventaires…
Il a été attribué à
“Pyrénées. Longitude zéro. Une traversée inédite le long du méridien de Greenwich”
Bruno Valcke,
Rando éditions, 2017, 168 p.
Une évidence, comment ne pas y avoir pensé plus tôt, plus souvent ? Le méridien de Greenwich accompagne tellement le haut-pyrénéen qu’il a donné son nom à un espace commercial ! La suivre, cette longitude zéro, un peu comme le repère d’un marin, dessine un beau parcours pour traverser les Pyrénées. Le méridien zéro a l’heureuse idée de passer par des sites emblématiques, des paysages grandioses comme les grands cirques géologiques de Gavarnie – Ordesa. Dans ce récit topo-guide, Bruno Valcke propose plus à s’inspirer de ses traces, de sa démarche qu’à le suivre pas à pas. Ce guide est presque une invite à ne pas suivre le guide. « Marcher sur un itinéraire historique, dans le sillage de pèlerins ou marchands ? Il me manquait sincèrement la part de créativité qui fait qu’un voyage commence déjà en parcourant les cartes . » En l’inventant donc.
Ce guide, car ce n’est pas qu’un récit, appelle donc son utilisateur-lecteur au travail nécessaire d’imagination pour faire d’un parcours un voyage et non un jeu de piste, de balise en balise. Une aventure de découverte.
Un guide aussi, car il donne à voir, à savoir l’essentiel, le tracé dans ses grandes lignes (pas de cartes timbres postes sur fond d’IGN qui ne remplissent pas leur office), les étapes possibles, les cabanes existant sur le cheminement, invite à d’autres options. Et pour qui veut connaître en détail le tracé, l’application GR Code permet une ouverture numérique.
Guide aussi par sa présentation hors textes des sites, monuments, histoire des lieux, espaces traversés.
Le récit-topo ne serait-il pas, face à la ressource numérique, une formule pour le guide-livre des temps à venir ? Il est guide parce qu’il donne envie, donne des idées de parcours, donne une trace à dessiner, non parce qu’il nous accompagne au fond du sac, pour savoir s’il faut contourner par la droite ou la gauche ce gros caillou… Un livre aussi pour rêver à des parcours qu’on ne fera pas, donc un livre pour tous.
PRIX DU LIVRE PYRÉNÉEN BINAROS
Il met en valeur un ouvrage original traitant des Pyrénées, à la marge des genres déjà définis. Il permet de récompenser les livres de jeunesse, de photos ou d’art.
ll a été attribué à
“Des hommes et des récits au pays de Luchon”
Jean Garcia,
auto-édition, 2017, non paginé
Jean Garcia, photographe, illustre simplement, systématiquement, une part du patrimoine humain des Pyrénées en pays de Luchon. Il laisse dire le temps qui passe, cette crête, cette rupture entre le monde d’avant et celui d’aujourd’hui, ces mondes que connaissent les personnes dont le portrait s’enrichit de vues sur leur espace quotidien.
Outre les visages marqués par le temps, c’est aussi l’intérieur des maisons qui racontent les histoires de vie. S’il dit, montre un temps qui passe et qui, en même temps, est encore notre contemporain, l’ouvrage n’est pas larmoyant ou une simple variation sur le thème du « c’était mieux avant ». Il est plus de l’ordre de l’enregistrement, du constat, de la volonté de laisser trace de ces vies qui ont connu le grand chambardement : nés dans une époque où la montagne, bien que loin de son maximum démographique, était encore pleine d’humains, pleine d’activités agricoles, artisanales, les témoins sont aussi de ce temps d’une montagne de résidents plus ou moins présents, source de loisirs. Image symbolique de ces vies partagées, passant d’un monde à l’autre, celle du moniteur de ski et de ses brebis. Quelques lignes, quelques photographies, un récit de vie se dit, se répète chaque fois semblable, toujours singulier.
Le systématisme tempéré, les choix techniques (lumière naturelle) sont pour beaucoup dans le réussite de ce livre qu’il faut vraiment ouvrir pour en saisir la richesse.
Contacts presse :
Maryvonne Giraud 06 82 56 79 74
Renaud de Bellefon 06 86 78 93 25
PRIX DU LIVRE PYRÉNÉEN CONNAISSANCES
Année | Auteur | Ouvrage | Éditeur |
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2010 | Joseph Canérot | Les Pyrénées : Histoire géologique (tome I) et Itinéraires de découvertes (tome II) | Atlantica, 2008 |
2011 | ex æquo : – Alain Boneton – Patrice Poujade |
- Gavarnie, histoire d’un grand site – Le voisin et le migrant: Hommes et circulation dans les Pyrénées modernes (XVIe-XIXe siècle) |
- Le Pas d’Oiseau, 2010 – Presses universitaires de Rennes, 2011 |
2012 | Magali Rieu | Enllà de la pàtria / Au-delà de la patrie | Archives départementales des Pyrénées Orientales, 2011 |
2013 | Robert Bosch (texte) et Noël Hautemanière | Les fêtes de l’Ours en Vallespir | Trabucaire, 2013 |
2014 | Leah Bosquet (photographies) et Claude Dubois (texte) | Entre cimes et abîmes : l’empreinte des mineurs pyrénéens | Editions Pas d’Oiseau, 2013 |
2015 | Véronique Lamazou-Duplan | Signé Fébus, comte de Foix, Prince de Béarn | Somogy éditions d’Art, 2014 |
2016 | Pep Coll | Quatre cercueils, deux noirs, deux blancs | Actes Sud, 2015 |
2017 | Sous la direction de Christine Rendu, Carine Calastrenc, Mélanie Le Couedic, Anne Berdoy | Estives d’Ossau. 7000 ans de pastoralisme dans les Pyrénées | Le Pas d’oiseau, PNP, FRAMESPA, 2016 |
2018 | Sous la direction de Françoise Mignon | L’opéra catalan : la Fada. Aux sources d’une œuvre moderniste | Editions du Trabucaire, 2018 |
PRIX DU LIVRE PYRÉNÉEN – LITTÉRATURE
Année | Auteur | Ouvrage | Éditeur |
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2010 | Severino Pallaruelo (traduction de l’espagnol : Hélène Michoux et Charles Mérigot) | Tristes montagnes (Pirineos, tristes montes) | la Ramonda, 2010 |
2011 | Bernard Minier | Glacé | XO éditions, 2011 |
2012 | Djalla-Maria Longa | Mon enfance sauvage | Glénat, 2011 |
2013 | Pierre Mora | Un caillou dans la chaussure | Gypaète (collection Les Marmottes hibernent aussi), 2012 |
2014 | Gil Graff | Personne ne parlera de nous lorsque nous serons morts | Editions Ultima Necat, 2014 |
2015 | Denise Déjean | Femmes en leurs jardins | Editions Elan Sud, 2014 |
2016 | Fred Léal | Le Mont Perclus de ma solitude | P.O.L, 2015 |
2017 | Marie Cosnay | Aquerò | Editions de l’Ogre, 2017 |
2018 | Chusé Inazio Nabarro (traducteur : Joel Mirò Lozano) | La montre à gousset | Gara d’edizions et La Ramonda, 2017 |
PRIX DU LIVRE PYRÉNÉEN – GUIDE
Année | Auteur | Ouvrage | Éditeur |
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2010 | Olivier de Marliave | Les fêtes des Pyrénées | Sud-Ouest, 2010 |
2011 | coordination de Robert Sablayrolles avec la collaboration de Marie Laure Maraval | Guide archéologique de Midi-Pyrénées : 1000 av. J.C. / 1000 ap. J.C. | Fédération Aquitania, 2010 |
2012 | Coordonné par Sylvain Frémaux et Jean Ramière | Atlas des oiseaux nicheurs de Midi-Pyrénées | Delachaux et Niestlé / Nature Midi-Pyrénées, 2012 |
2013 | Laurent Lafforgue | Les Pyrénées en faces, tome 2 | Version Originale, 2011 |
2015 | Denis Mirouse, Pascal Audabram | Châteaux et forts médiévaux en Couserans. Une initiation à la découverte | Editions Le Pas d’Oiseau, 2015 |
2016 | Pascal Ravier, Jean-Pierre Pujol | Lignes de fuite. Pyrénées centrales. Itinéraires d’escalades en Haut-Adour, Aure, Louron, Luchonnais | Editions Cairn, 2016 |
2017 | Gilles Pottier | Les Reptiles des Pyrénées | Publications du Museum d’Histoire Naturelle, 2016 |
2018 | Bruno Valcke | Pyrénées. Longitude zéro. Une traversée inédite le long du méridien de Greenwich | Rando éditions, 2017 |
PRIX DU LIVRE PYRÉNÉEN – BINAROS (créé en 2015)
Année | Auteur | Ouvrage | Éditeur |
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2015 | Marie Bruneau, Bertrand Genier | Passages, les Pyrénées du nord au sud et réciproquement | Editions Cairn, 2014 |
2016 | Pierre Meyer | L’écriture du temps. Gavarnie, Ordesa, Estaubé, Troumouse, Pineta, Barroude, Escuain | Jours des Arts – Parc National des Pyrénées, 2015 |
2017 | Claude Dendaletche | La Découverte des Pyrénées | Arteaz, 2017 |
2018 | Jean Garcia | Des hommes et des récits au pays de Luchon | auto-édition, 2017 |
PRIX DU LIVRE PYRÉNÉEN – JEUNESSE
(supprimé à partir de 2015, la production de livre jeunesse sur les Pyrénées étant largement insuffisante pour permettre l’attribution d’un prix. Remplacé par le prix du Livre Pyrénéen – Binaros)
Année | Auteur | Ouvrage | Éditeur |
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2011 | texte de Raphaëlle Jessic, illustrations de Laurent Gaulhiac | Laurent le berger | De plaines en Vallées, 2011 |
2014 | Philippe Villette, Raphaëlle Jessic (textes) et Laurent Gaulhiac (illustrations) | La Transhumance ou les jolies colonies de vacances | Editions De plaines en vallées, 1999 |