Années précédentes

Lauréat·es des Prix du Livre Pyrénéen précédents.

Lauréat·es 2024 :

Prix du Livre Pyrénéen – Connaissance 2024

Il met en valeur un ouvrage constituant un apport conséquent pour la valorisation ou la connaissance des mondes pyrénéens ou d’un de leurs aspects.
Il a été attribué à :

Patrimoine thermal. De la gloire au péril.

Sous la direction de Viviane Delpech
2023, Presses universitaires de Pau et des Pays de l’Adour, 274 p.

 

?????

Qui est allé se soigner ou se ressourcer dans une des villes thermales des Pyrénées a pu bénéficier des nombreuses infrastructures développées au fil du temps, se fondant dans « un paysage de proximité et une nature bienfaisante à valeur cathartique ». En effet, la ville thermale est autant un lieu de villégiature qu’un lieu de soin. Cependant, « la vie du thermalisme est cyclique, scandée de crises liées à des changements politiques et sociaux et à des mutations médicales. »

Pour les nombreux spécialistes qui ont participé à cet ouvrage, et ce dans le cadre du programme transfrontalier PatrimPublic (dispositif de valorisation et de préservation du patrimoine), un constat : « l’industrie thermale perdure sous l’égide de la médicalisation et du thermoludisme alors que le patrimoine est souvent en totale dégénérescence. »

Dans un premier temps, le lecteur s’imprègne des « spécificités d’une architecture multiple dédiée au soin de façon primordiale ainsi qu’aux fonctions périphériques que représentent l’hébergement, le transport et les occupations de tous ordres – mondaines, touristiques, culturelles, cultuelles ». La seconde partie traite de la problématique de la décadence du patrimoine thermal et nous alerte sur la nécessité de « le sauvegarder et de faire perdurer sa valeur » afin de dynamiser et de renouveler les territoires montagneux.

Les articles qui constituent le document sont des « apports inédits, soit en termes d’approche scientifique, soit en matière de connaissances sur des sites particuliers ». De plus, les nombreuses photographies, cartes postales et peintures du passé et du présent qui illustrent ce volume témoignent de la richesse patrimoniale des villes thermales pyrénéennes, qu’elles soient françaises ou espagnoles. Une richesse qui ne demande qu’à perdurer dans l’intérêt économique et culturel local.

Cette étude pointe les difficultés auxquelles se heurte la volonté de préservation de ce patrimoine et tente de chercher une perspective d’avenir, et c’est là son intérêt et son originalité. Elle met en avant l’idée que « le bâti et les usages sont absolument indissociables ». Pour cela, il sera, de fait, nécessaire que la réflexion « dépasse la sphère matérielle pour atteindre les savoir-faire et les pratiques culturelles, eux aussi menacés d’extinction ». Les habitants et associations sont et seront, par conséquent, autant concernés que les institutions et les acteurs économiques et sociaux, par la préservation et la « recréation » de leur patrimoine matériel et immatériel. « L’intégration conjointe de l’histoire et des possibilités infinies offertes par le progrès » pourrait être l’une des pistes.

En résumé, cet ouvrage est autant un livre d’histoire qu’une tentative d’éveiller les consciences au patrimoine thermal pour chercher collectivement les moyens de sa préservation contemporaine.

 Prix du Livre Pyrénéen-Littérature 2024

Il distingue un ouvrage littéraire (fictions, récit…) ayant pour sujet ou cadre les Pyrénées.

Il a été attribué à :

Pastorales

Violaine Berot, Florence Debove et Jean-Christophe Cavallin 
2024, Éditions Wildproject, 140 p

 

?????

Pastorales est un récit à six mains sur la vie pastorale des bergers et des éleveurs, dans lequel une ancienne éleveuse de chèvres, une bergère d’estive et un professeur d’université entremêlent et rencontrent leurs trois écrits.

Violaine Bérot, la chevrière et Florence Debove, la bergère, nous délivrent, sans fard ni artifice leur vie au quotidien, façonnée par la compagnie des animaux, leur rapport à la nature et au monde du pastoralisme, empreint de gestes ancestraux. Leur bucolique chronique d’altitude n’invite pas à une rêverie angélique, mais dévoile les gestes du pastoralisme et ses réalités rugueuses.

Par exemple, l’image du berger libre et indépendant vole en éclat, lorsqu’il doit se vendre auprès des éleveurs pour garder leurs troupeaux en estives haut-pyrénéennes. « S’ils me choisissent, ils me confieront leur raison de vivre, cela vaut un interrogatoire en bonne et due forme. (…) . Désolée, je négocie, mais m’isoler du monde pendant quatre mois, et le faire depuis six ans, requiert un sacrifice qui ne sera jamais pris en compte. C’est ça où j’arrête. Ils m’embauchent. » Par ailleurs, ce récit nous rappelle que le pastoralisme est un monde d’hommes dans lequel les femmes doivent s’imposer et prouver leur légitimité.

Être bergère, devenir éleveuse est avant tout une vocation mais aussi un sacrifice. « J’ai réinventé ma vie pour que mon loisir soit mon quotidien. Je ne pars plus en vacances. Je n’ai plus besoin de gagner autant d’argent. J’ai banni le mot « loisir » de mon vocabulaire ». Violaine Bérot résume ainsi son choix de devenir chevrière en Ariège, après avoir été informaticienne…

C’est aussi dans un environnement en pleine mutation due au dérèglement climatique, avec des sécheresses régulières bouleversant le pastoralisme, que se dessine une adaptation perpétuelle et quotidienne des bergers.
« Quotidien qui façonne le labeur, mais nourrit la résilience.

Quotidien qui transcende leurs vies.

Quotidien qui se nourrit de poésie.

Quotidien qui façonne les caractères. »
Un récit du quotidien de ces femmes dont la force et la clarté de l’écriture a retenu l’attention du jury. Un livre pour une ethnographie poétique et bucolique du réel pastoral à glisser dans votre sac à dos. La littérature s’invite en estive dans nos belles vallées pyrénéennes.

 

Prix du Livre Pyrénéen – Guide 2024

Il récompense un ouvrage permettant de découvrir en pratique les réalités pyrénéennes, dans quelque domaine que ce soit, du topo guide au livre de cuisine en passant par les atlas, les inventaires…
Il a été attribué à :

Filer les fibres naturelles.
Chanvre, laine, ortie…

Camille Brabant et Naomi Rossignol,
2023, Ulmer, 125 p.

 

?????
S’il y a bien une activité qui s’inscrit dans l’image traditionnelle du monde pyrénéen, et plus largement de celle des bergères et bergers depuis les Landes jusqu’aux Carpathes en passant par tous les continents, c’est bien celle de filer, en l’occurrence la laine. Fabriquer du fil, le torsader, le tresser, le tisser, ce sont là des gestes qui remontent à des temps immémoriaux, dont les traces les plus anciennes sont ténues, souvent indirectes.
À travers ce petit guide, les autrices nous tissent un chemin qui va de la matière première brute à la réalisation finale d’un fil. Lin, ortie, chanvre, mais aussi ronce, bardane, genet… sont des végétaux que nous pouvons trouver à proximité ou cultiver facilement. Côté animal, la laine occupe une place de choix, d’autant plus qu’elle est facilement accessible dans nos régions d’élevage ovin ; mais aussi crin, poils, cheveux se prêtent à des expériences de filage. Expériences auxquelles les autrices invitent régulièrement leurs lectrices ou lecteurs qui désireraient s’essayer à cette activité.
De la matière première brute à l’opération ultime du filage, les autrices nous décrivent et nous invitent à réaliser notre fil, décrivant les étapes : la récolte, l’égrougerie et le rouissage pour révéler les fibres, le teillage pour obtenir la filasse, le peignage et la fabrication d’une « poupée » pour les fibres végétales ; la tonte, le lavage, le cardage, pour les fibres animales, en particulier la laine. À côté de ces procédures traditionnelles, elles proposent des techniques plus simples et rapides pour des petites quantités de matériaux.
C’est alors que l’opération du filage, avec fuseau ou rouet peut commencer, une fois son fuseau fabriqué, du plus simple, le fuseau corse, à des expérimentations utilisant des fruits comme fusaïole. Au-delà de la description technique, on comprend à la lecture que c’est la pratique, répétitive et patiente, qui finit par vous donner « un geste qui deviendra de plus en plus naturel et méditatif. »
Ce beau petit livre, fort bien fait et documenté, illustré de dessins clairs et de photographies joyeuses, nous invite à utiliser des matières à portée de main pour créer nos fils, notamment celles de notre environnement pyrénéen où les autrices travaillent. Après sa lecture, on ne regarde plus jamais un fil de la même manière.

 

Prix du Livre Pyrénéen – Binaros 2024

Il met en valeur un ouvrage original traitant des Pyrénées, à la marge des genres déjà définis. Il permet de récompenser les livres de jeunesse, de photos ou d’art, des livres atypiques.

Il a été attribué à :

Des frontières et des femmes

Manuela Parra
2024, Chèvre-feuille étoilé, 114 p.

 

?????
“Si la liberté a un sens, elle signifie le droit de dire aux autres ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre” écrivait G. Orwell dans La ferme des animaux, en 1945.

Ce recueil de témoignages féminins évoque les traumatismes que ressentirent les femmes qui partirent principalement d’Espagne pour rejoindre la France, pour des raisons économiques ou politiques.

Elles ne quittaient pas ou n’abandonnaient pas leurs familles proches, leurs amis et leur environnement quotidien où elles avaient vécu leur enfance, leur adolescence et leur début de vie de femmes. Non, elles s’arrachaient, douloureusement, brutalement, violemment et contre leur gré, à ce qui avait été, jusque-là, leur vie de toujours, pour ne jamais y revenir, sans savoir qu’elles allaient perdre leur dignité humaine en devenant, Outre-Pyrénées, en France, une main-d’œuvre dénigrée, méprisée, soumise et à bas prix. Mais que faire quand on a le ventre vide, sinon d’accepter son statut forcément docile d’immigrée ?

Qui d’entre nous, en se mettant à leur place, avec beaucoup d’empathie et à condition de totalement l’imaginer et l’intellectualiser, pourrait physiquement et affectivement le supporter ?

Il s’agit, vous l’avez compris, d’immigration. Ce phénomène, dont pour la plupart d’entre nous, ici en France, sommes issus. Ce grand enrichissement individuel et collectif qui nous a apporté, entre autres : paellas, pizzas, couscous, bacalhaus et kebabs. Nos estomacs qui ont, heureusement, la reconnaissance du ventre, y pensent volontiers… Si certains, trop nombreux, prônent de façon primitive et tribale l’ennemi-gration, à la lecture,nous voyons et entendons l’ami-gration. C’est bien connu mais il est bon de le rappeler : le métissage, c’est plus sage !

L’une des qualités essentielles de ces témoignages se lit dans la pudeur et la retenue des personnes qui nous livrent leurs émotions, par le biais sensible et fragile de leurs souvenirs. Ce livre n’est pas un pavé, dense et lourd. En effet, il a le poids d’une dentelle artisanale d’Alençon ou de Calais. Il en a également la finesse et la subtilité.

Mozart déclarait : « La musique ne se trouve pas dans les notes mais dans le silence entre les deux ». Manuela Parra, par la tendresse et la délicatesse de son style d’écriture, laisse dans ce petit bijou de littérature, respirer le silence des non-dits.
Heureuses lectrices et heureux lecteurs, un grand merci à la courageuse Manuela Parra d’oser l’écriture de ce livre.

 Historique Prix du Livre Pyrénéen :

Ouvrages reçus:

Liste des livres en lice pour 2025
Liste des livres en lice pour 2024
Liste des livres en lice pour 2023
Liste des livres en lice pour 2022
Liste des livres en lice pour 2021
Liste des livres en lice pour 2019
Liste des livres en lice pour 2018
Liste des livres en lice pour 2017
Liste des livres en lice pour 2016
Liste des livres en lice pour 2015
Liste des livres en lice pour 2014
Liste des livres en lice pour 2013
Liste des livres en lice pour 2012
Liste des livres en lice pour 2011

Ouvrages Primés:
Lauréats pour 2023
Lauréats pour 2022
Lauréats pour 2021
Lauréats pour 2020
Lauréats pour 2019
Lauréats pour 2018
Lauréats pour 2017
Lauréats pour 2016
Lauréats pour 2015